Le prix unique du livre ; qu'est-ce que c'est?Un article signé Alain Beuve-Méry, paru dans
Le Monde, daté du 28 mai 2008, clamait haut et fort: "
Offensive parlementaire sur le prix unique du livre". Autrement dit la loi Lang.
Mais qu'est-ce que c'est encore que cette loi? On a généralement tendance à passer sur ces titres "rasants" et incompréhensibles et la plupart du temps, c'est une attitude justifiée vu la clarté pénombrale de notre code de loi. Pourtant, aujourd'hui, je tiens à m'y arrêter vu le consensus autour de la loi Lang, votée à l'unanimité en 1981 sous la gouvernance culturelle de Jack Lang et considérée comme une référence à l'étranger.
Mais qu'est-ce que la loi Lang?
Elle établit que l'éditeur fixe le prix d'un livre qu'il édite ou importe et le marque au dos de l'ouvrage; que le détaillant (hypermarché, grande surface spécialisée, librairie traditionnelle ou en ligne, maison de la presse, grossiste) ne peut passer outre ce prix, sauf dans les limites d'un rabais de 5% (effectué directement en caisse ou sous forme de carte de fidélité). {1} {2}
Revenons à notre article dans Le Monde suite à la levée de boucliers suscitée par l'amendement au projet LME (loi de modernisation de l'économie) proposé par deux députés de la majorité, Christian Kert -UMP, Bouches du Rhône- et Jean Dionis du Séjour -Nouveau Centre, Lot et Garonne- qui prévoit de réduire à six mois l'interdit de pratiquer le rabais de 5% (aujourd'hui à 2 ans, ce qui permet de laisser vivre le livre pendant cette période).
Quelles conséquences pour le livre?
La loi Lang sur le prix unique du livre a pour triple objectif l'égalité de tous les citoyens devant le livre, la conservation d'un large éventail de librairies indépendantes (ce qui ne fut pas le cas en Grande-Bretagne, ni en France pour les disquaires) ainsi qu'un réseau de distribution décentralisé, et le soutien au pluralisme de l'édition, notamment pour les ouvrages "difficiles". La réduction de la période de non-rabais signe la mort des ouvrages de création originale au profit des ouvrages à rotation rapide comme les best-sellers, les guides... Car, faut-il le rappeler, le livre n'est pas un objet de consommation comme les autres, ce n'est pas un produit marchand banalisé ne répondant qu'aux exigences de la rentabilité immédiate. C'est un produit de création qui a besoin de temps pour vivre. {3}
Les librairies indépendantes "
ne pourraient pas résister à l'émergence d'un marché de solde à grande échelle dans les grandes surfaces comme sur Internet", "
les éditeurs pâtiraient directement d'un report d'achat des nouveautés dans l'attente des soldes", et "
le système envisagé ne profiterait qu'aux auteurs de best-sellers" pour ce qui concerne les écrivains (cf. La lettre commune de la Société des gens de lettres SGDL, le Syndicat national de l'édition SNE et le Syndicat de la librairie française SLF, à Christine Albanel, ministre de la culture).
Affaire à suivre donc, puisque, loin de se décourager, nos deux compères, suite au rejet de leur amendement en commission, ont décidé de le maintenir en le modifiant légèrement: la réduction ne sera pas de six mois mais 1 an... super!
{1} http://www.culture.gouv.fr/culture/dll/prix-livre/intro.htm
{2} http://www.centrenationaldulivre.fr/?Libraires-le-prix-du-livre-en
{3} http://www.la-charte.fr/metier/prixunique.html
[b]
Mer 16 Sep - 0:39 Apple